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SPÉCIAL 30 AOÛT – GABON – LE SENS DU 30 AOÛT AU GABON, UN TOURNANT POST-RÉFÉRENDUM

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La reconnaissance officielle du 30 août comme « journée de la libération » au Gabon, inscrite dans la Constitution à l’issue du référendum du 16 novembre 2024, confère à cette date une valeur symbolique et indélébile. Elle commémore le coup d’État de 2023, marquant une étape historique pour ce pays d’Afrique centrale.

Alors que la date de l’indépendance reste majeure pour les anciennes colonies africaines, le Gabon a, depuis le 30 août 2023, intégré le cercle des nations où un coup d’État réussi a renversé le pouvoir suprême. Pour la junte militaire, dirigée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, cette date dépasse le simple fait historique : elle devient un symbole de rupture avec le passé et d’engagement vers une gouvernance renouvelée, appuyée par des réformes institutionnelles ambitieuses.

Le 30 août 2023 a marqué la fin du régime d’Ali Bongo Ondimba, accusé de fraude électorale et de mauvaise gouvernance. Reconnu officiellement dans la nouvelle Constitution adoptée lors du référendum de 2024, le 30 août est désormais une journée de célébration nationale. Ce texte constitutionnel, approuvé à plus de 91 % des voix, introduit des réformes majeures dans la politique nationale, incarnant la fin d’une ère et l’ouverture d’un nouveau chapitre pour le Gabon.

Une crise sous-jacente avant le 30 août 2023

À la veille du coup d’État, aucun signe apparent ne laissait présager un tel renversement. Pourtant, le pays était plongé dans une crise politique alimentée par des élections controversées et des doutes persistants sur l’état de santé d’Ali Bongo.

Victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) en octobre 2018 lors d’un déplacement en Arabie saoudite, Ali Bongo avait depuis montré des signes de faiblesse. Malgré un retour sur la scène politique, des interrogations subsistaient quant à sa capacité à gouverner. En 2023, lorsqu’il a annoncé sa candidature pour un troisième mandat, ces doutes se sont intensifiés, suscitant des débats sur son aptitude à diriger.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2009, succédant à son père Omar Bongo, Ali Bongo faisait face à des accusations persistantes de corruption et de mauvaise gouvernance. Les élections du 26 août 2023, où il briguait un nouveau mandat, ont été entachées de fraudes et d’irrégularités. Sa réélection, annoncée avec 64,27 % des voix, a provoqué des protestations massives, créant un contexte propice à l’intervention militaire.

Une transition vers des réformes institutionnelles

Le 4 septembre 2023, cinq jours après le coup d’État, le général Oligui Nguema a prêté serment en tant que président de la transition, annonçant des réformes ambitieuses. Ces changements se sont concrétisés avec le référendum constitutionnel du 16 novembre 2024, marquant une étape clé dans l’histoire du pays.

Les réformes introduites par cette nouvelle Constitution sont sans précédent en Afrique centrale :

Limitation du mandat présidentiel : désormais fixé à deux mandats de sept ans, rompant avec la pratique des réélections illimitées observée dans certains pays voisins, comme le Cameroun.

Suppression du poste de Premier ministre : remplacé par un vice-président nommé par le chef de l’État, un modèle inédit dans la région.

Interdiction des candidatures dynastiques : les conjoints et descendants d’anciens présidents ne peuvent plus prétendre à la magistrature suprême, une disposition novatrice mais controversée, critiquée par certains comme une entrave à la démocratie.

Une double célébration pour le Gabon

Jusqu’ici, le 17 août, célébrant l’indépendance du Gabon de la France en 1960, était la date la plus importante du pays. Désormais, le 30 août, jour de la « libération » de la dynastie Bongo, prend une place équivalente dans les célébrations nationales. Cette journée marque le début d’une nouvelle ère politique et sociale, qui inscrit le Gabon dans une trajectoire différente.

Cependant, les critiques pointent la lenteur de certaines réformes promises et l’absence de calendrier électoral clair, laissant planer des doutes sur la transition du Gabon qui aspire à consolider sa deuxième république. Néanmoins, à la lumière des évolutions sus-cités, le 30 août ne représente pas seulement une commémoration, mais également un rappel des défis à relever pour ancrer durablement le Gabon dans une trajectoire politique et institutionnelle nouvelle.

ZeroMalheur

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