Le 30 août 2023, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a pris la tête du Gabon en renversant, par un coup d’État militaire, le président Ali Bongo, déclaré vainqueur d’élections présidentielles aux résultats contestés. Rapidement désigné président de la transition par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), il a prêté serment le 4 septembre 2023 en tant que président de transition, s’engageant à organiser des élections libres et transparentes, sans toutefois préciser de calendrier. Depuis lors, le Gabon connaît une nouvelle ère, marquée par des réformes ambitieuses, saluées par certains, et des tentations autoritaires, dénoncées par d’autres. Mais quel visage le Gabon présente-t-il depuis l’accession du général Oligui au pouvoir ?
PARCOURS DU GÉNÉRAL
Né le 3 mars 1975 dans un village de la province du Haut-Ogooué, Clotaire Oligui Nguema est une figure militaire et politique gabonaise de premier plan. Issu du sérail du pouvoir, il est un cousin de l’ancien président Ali Bongo Ondimba. Fils d’un officier militaire, il suit les traces de son père en embrassant une carrière dans les forces armées. Formé à l’académie royale militaire de Meknès au Maroc, une institution prestigieuse en Afrique, il revient au Gabon et intègre la Garde républicaine, unité d’élite chargée de la protection présidentielle.
Sa proximité avec le pouvoir s’intensifie lorsqu’il devient aide de camp du président Omar Bongo, père d’Ali Bongo, poste qu’il occupe jusqu’au décès de ce dernier en 2009. Après la mort d’Omar Bongo, Oligui Nguema est nommé attaché militaire dans les ambassades du Gabon au Maroc et au Sénégal, un éloignement perçu comme temporaire. En 2018, il est rappelé pour diriger les services de renseignement de la Garde républicaine, succédant au colonel Frédéric Bongo, demi-frère d’Ali Bongo. En 2019, il est promu général de brigade et, en 2020, prend la tête de la Garde républicaine, consolidant ainsi son influence.
Le 30 août 2023, après l’annonce contestée de la réélection d’Ali Bongo, Clotaire Oligui Nguema conduit un coup d’État militaire, renversant son cousin. Rapidement désigné président de la transition, il prête serment le 4 septembre 2023, suscitant espoir et soulagement parmi une grande majorité de Gabonais.
RÉFORMES DU PRÉSIDENT
Contrairement à d’autres juntes militaires en Afrique, le régime d’Oligui Nguema a maintenu des relations cordiales avec les partenaires internationaux, notamment la France. Soutenu sur la scène internationale, il a lancé une série de réformes ambitieuses.
Réformes institutionnelles et politiques :
Le CTRI, dirigé par le général Oligui Nguema, a entrepris des réformes visant à renforcer l’autorité de l’État et à moraliser la vie publique. Une Commission nationale pour l’élaboration du Code électoral a été créée afin de préparer des élections libres et transparentes.
Réorganisation des entreprises publiques :
En décembre 2024, un remaniement significatif a été opéré à la tête de plusieurs entreprises publiques clés, notamment Gab’Oil, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) et la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag).
Nationalisation du secteur pétrolier :
En juillet 2024, le gouvernement a nationalisé Assala Energy, auparavant détenue par le fonds Carlyle, renforçant ainsi la souveraineté économique du pays.
Diversification économique :
Des initiatives pour industrialiser la filière bois gabonaise et promouvoir la transformation locale des matières premières ont été mises en place.
Amélioration des services publics :
Des efforts ont été déployés pour résoudre les crises récurrentes d’eau et d’électricité, notamment via des réformes au sein de la SEEG.
Réduction de la dette publique :
La rationalisation des dépenses publiques figure parmi les priorités du président pour alléger la charge budgétaire du Gabon.
IMPACT POLITIQUE
Les changements politiques opérés par le général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA ne pouvaient passer inaperçus, tant ils sont novateurs, appréciés mais également critiqués.
Constitution d’un gouvernement de transition :
Le gouvernement de transition inclut des représentants de différentes régions pour promouvoir une gouvernance inclusive.
Révision du Code électoral :
Une commission a été mise en place pour garantir des élections transparentes, visant à restaurer la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques.
Lutte contre la corruption :
Des audits des finances publiques et des entreprises d’État ont été lancés, accompagnés de mesures juridiques renforcées pour sanctionner les détournements de fonds.
AUTORITARISME DU MILITAIRE
Malgré un score de 91 % en faveur du « oui » lors du référendum constitutionnel de novembre 2024, les réformes constitutionnelles ont provoqué des débats intenses.
Principales réformes constitutionnelles :
Limitation des mandats présidentiels : Instauration d’un mandat de sept ans renouvelable une seule fois.
Abolition du poste de Premier ministre : Consolidation des pouvoirs exécutifs entre les mains du président.
Prévention de la succession dynastique : Interdiction pour les conjoints et descendants des anciens présidents de se présenter à la magistrature suprême.
Renforcement des pouvoirs présidentiels : Autorité accrue sur le Parlement et contrôle des domaines de défense et de sécurité.
Amnistie pour les auteurs du coup d’État : Légitimation du régime en place.
Ces mesures, bien qu’ambitieuses, ont suscité des inquiétudes quant à une concentration excessive du pouvoir. Certains craignent que le régime ne devienne une nouvelle autocratie, malgré les promesses initiales de démocratie.
CONCLUSION
Le défi pour le général Clotaire Oligui Nguema est de prouver qu’il respecte ses engagements envers une transition démocratique, tout en réformant profondément le Gabon. Si ses initiatives portent un espoir de renouveau, la méfiance reste de mise face au spectre d’un pouvoir autoritaire.
ZeroMalheur
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